Michael Stoquer : prévenir les données erronées dans la mise en place de fondations spéciales

Les fondations spéciales sont un domaine important mais complexe du bâtiment. On les met le plus souvent en place dans les zones à risque, là où les sols sont instables ou les conditions climatiques sont difficiles, ou alors lorsqu’il faut procéder à des réparations sur des bâtiments sinistrés, par exemple suite à une sécheresse ou à une inondation. Pour y faire face, on emploie différentes techniques, mais notamment celle des micropieux, une technique complexe qui demande beaucoup de compétences et de précision. Michael Stoquer, gérant de la société SEF et spécialiste de ce domaine, donne quelques conseils pour éviter les principales erreurs.

L’expertise en fondations spéciales

Michael Stoquer est le gérant de la société SEF, qui se spécialise dans un métier primordial pour la sécurité de chacun : le renforcement des fondations et la réparation des bâtiments sinistrés. C’est un homme avec un parcours intéressant, car il est initialement issu d’un parcours commercial, ayant obtenu son diplôme à l’ESSEC, la prestigieuse école de commerce. En tant que gérant, il se charge notamment de la politique commerciale de l’entreprise (de la cible à atteindre aux tarifs pratiqués) et des questions de gestion, qu’elles concernent le personnel ou le matériel. Mais il est aussi celui qui va opérer le contact commercial avec le client pour lui proposer les bons services, expliquer les études à mener, planifier les visites et établir les travaux à effectuer. Et ce contact, c’est par son expérience qu’il peut le mener à bien ! Il a en effet travaillé de près sur les questions, ayant effectué, en même temps que ses études en école de commerce, une formation en apprentissage auprès de son père, l’ingénieur Jean-Yves Stoquer, spécialisé dans le bâtiment. À ses côtés, il a pu apprendre le contact avec les clients et avec les compagnies d’assurance, principales pourvoyeuses de dossiers à traiter dans le domaine. À cette époque, ses principales missions se concentraient sur les travaux qui visaient à réparer les fondations de bâtiment sinistrés, notamment par la sécheresse qui avait causé d’importants dégâts en Île-de-France. La technique employée alors consistait à approfondir et à rigidifier les semelles de fondations des demeures fissurées, souvent des villas. Le spécialiste n’est donc pas un gérant qui s’occupe de son entreprise de loin, ni un commercial simplement en charge des ventes : il a l’expérience du terrain et connaît très bien son sujet, le pratiquant de longue date. Appréciant la communication apportée par Internet, qui redistribue les cartes pour les petites entreprises très spécialisées, il se désole néanmoins des erreurs ou imprécisions qu’il peut lire sur certains forums. C’est dans une optique de clarification qu’il expose avec précision la réalité de son métier et les erreurs que l’on peut éviter.

Des problèmes qui peuvent survenir dès la conception du programme

Les précautions sont donc à prendre le plus tôt possible : dès l’instant où l’on conçoit le programme des micropieux, et avant même leur mise en place, il est possible de commettre plusieurs fautes. D’abord, il faut bien intégrer une primordiale : le micropieu est employé pour assurer l’interaction entre le sol et la construction. Dès lors, on comprend que les problèmes peuvent venir des deux côtés, et se répercuter sur toute la structure. Il est possible de disposer de données erronées concernant le bâtiment à doter de micropieux. C’est pour cette raison que la rigueur et la précision sont primordiales : il est bien trop facile de causer d’énormes dommages avec les mauvaises données. Par exemple, les charges peuvent être mal calculées dans le sens de la minoration ; l’ingénieur pourrait avoir négligé les surcharges d’exploitation ; les calculs de modélisations pourraient comporter des erreurs. Or, le micropieu a pour vocation de supporter les charges et de les transférer convenablement à toute la structure : des erreurs dans le mesure des charges ou des négligences dans les forces à prendre compte peuvent donc s’avérer catastrophique par la suite. Des règles ont donc été mises en place pour éviter cet écueil : l’entrepreneur de micropieu doit faire au moins une vérification de la cohérence des données qui lui sont fournies par le BET, le Bureau d’Études Techniques. Un peu de mathématique bien appliqué déjoue dès lors la plupart des obstacles : on calcul un ratio simple, mais efficace, en vérifiant que les charges en globales ne sont pas inférieures à 1 T/m². Une mesure qui s’applique pour les ouvrages en béton, chaque matériau ou type de bâtiment peut avoir ses propres contraintes à prendre en compte. Ainsi, une maison de 100m² au sol sur deux niveaux devra avoir une charge globale d’au moins 200 tonnes, qu’il faudra répartir sur le nombre de micropieux. Mais malgré ce calcul en apparence simple, il y a encore de nombreux paramètres à prendre en considération. Par exemple, un micropieu qui supportera des descentes de plusieurs niveaux ou qui se situe au croisement de plusieurs longrines (sorte de poutre horizontale qui va supporter des forces mécaniques importantes) recevra une charge bien plus importante. Alors qu’à l’inverse, les bâtiments reposant sur des structures à bois seront beaucoup plus légers, ce qui implique un traitement plus facile.

Les problèmes provenant des études géotechniques

Au-delà des données concernant le bâtiment, les études posant problème peuvent également être les études géotechniques, qui ne sont pas exemptes de vérifications pour traquer les données erronées. En effet, c’est l’étude de sol qui fournit les hypothèses à prendre en compte pour calculer le dimensionnement du micropieu, en se basant à la fois sur les résultats de sondages de sols et des essais pressiométriques. En somme, comprendre le sol et comprendre comment il va évoluer à cause du climat. Et il existe de nombreuses possibilités d’erreur à ce niveau, que ce soit à partir d’une mauvaise interprétation ou même d’une mauvaise réalisation des essais pressiométriques.

Pour rappel, ces derniers consistent à dilater une sonde en caoutchouc dans un sondage réalisé préalablement en y injectant de l’eau ou un gaz. On mesure alors la déformation de la sonde (équivalente à celle du sol) en fonction. Avec cette méthode, plus un sol est compact et plus il résistera à la dilatation de la sonde, et inversement. On peut dès lors mesurer la pression limite à partir de laquelle le sol lâche en Mpa ou en bars, les différentes unités de mesures disponibles. Dès lors, on peut interpréter les résultats (attention, une double lecture est toujours nécessaire pour éviter les ennuis potentiels) : on emploie des abaques pour déterminer les coefficients de frottement du sol selon les différentes couches géologiques traversées, qui auront toutes été testées au pressiomètre. Ces calculs sont complexes car ils nécessitent des compétences multiples : il faut à la fois être très bon sur le plan théorique, connaître ses équations mathématiques et diverses notions de géologie ; mais il faut également savoir travailler sur le terrain pour réaliser des mesures fiables que l’on peut interpréter. Il suffit d’une erreur lors des essais, ou qu’ils soient réalisés dans un terrain qui n’est pas homogène, et cela peut conduire à une majoration théorique de la portance du sol. Cela signifie que l’on surestime sa capacité à résister et que l’on va utiliser un peu sous-dimensionné : il est aisé de voir vers quels sinistres cela peut mener. Un exemple concret de cas dangereux : il n’est pas rare d’avoir des poches localement plus profondes dans un terrain tourbeux, alors que les sondages de l’étude de sol sont effectués en nombre limité et peuvent donc passer à côté de ces poches. Il vaut mieux alors espérer que l’on réalisera leur présence à l’implantation des micropieux : refaire les analyses et leur mise en place sera long et coûteux, mais toujours moins dangereux qu’un bâtiment qui s’affaisse sur lui-même.

Le travail des sols instables, spécialité de SEF

Le secteur des sols instables et de la réparation des sinistres est en hausse, ce qui peut sembler étonnant au premier abord : il y a des explications évidentes, mais d’autres plus étonnantes. Le facteur évident, c’est la hausse du nombre de sinistre en France, que l’on pense liée au réchauffement climatique. On se souvient notamment de la canicule de 2003, qui a été absolument catastrophique en terme de dégâts humains, matériels et financiers, mettant de nombreuses compagnies d’assurance en grande difficulté. Depuis, de nouvelles mesures ont été prises, imposant de plus en plus d’études préalables et de nombreux travaux de réparations. En somme, la France a réalisé qu’elle comprenait plus de sols instables qu’elle ne le pensait. Mais cette hausse provient également de l’expansion des villes, notamment en région parisienne où la SEF de Michael Stoquer opère. Là, les terrains constructibles sont de plus en plus rares, les meilleurs d’entre eux ayant déjà occupé depuis des centaines, parfois des milliers d’années (nos ancêtres aussi cherchaient les meilleurs terrains pour construire, et ils les ont trouvé !). Les constructeurs se sont donc intéressés aux sols moins propices aux constructions, et ont donc employé des experts comme Michael Stoquer pour s’assurer de la qualité des terrains et utiliser la fameuse technique des micropieux pour rendre ces terrains plus stables.