Marc Rajade et la Semardel autorise le tri des encombrants et des DAE

Son centre de tri de 200 000t/an ambitionne de se positionner, entre autres, sur le marché des encombrants « tout-venant » et des déchets d’ameublement.

La Semardel, dirigée par Marc Rajade, a inauguré il y a quelques semaines à Vert-le-Grand (Essonne) un centre de tri des déchets d’activités économiques (DAE) et des encombrants d’une capacité de 200 000 tonnes/an. Baptisé Semaval, il a été conçu par les équipes de la Semardel et construit par la branche française de Ros Roca (anciennement Vannier). Installé dans un bâtiment de 10 000 m2, il est doté de deux lignes de tri d’une capacité de 30 à 40 tonnes/heure chacune l’une dédiée aux « propres et secs» (des déchets « propres et secs» déjà pré-triés par les clients, en particulier des papiers et cartons) et l’autre au tout- venant, qu’il s’agisse de DAB (dont les déchets de construction) ou d’encombrants de déchetteries.

Pour le tout-venant, un pré-tri est effectué à la pelle à grappin dans le hall de déchargement, destiné à enlever les « monstres » (pneus, bouteilles de gaz, extincteurs...). Puis les déchets sont introduits au moyen d’un chargeur à godet dans une trémie d’alimentation. Ils sont broyés par un broyeur à double rotor à dents (Metso) puis passent dans un trommel de 3,9 mètres de diamètre (Gems) avec des coupures à 150 mm et 400 mm (la ligne des propres et secs ne comporte qu’une coupure à 150 mm). En sortie du trommel, toutes les fractions sont déferraillées avec un overband.

La fraction supérieure à 400 mm (tout-venant) est rebroyée. La fraction 150-400 mm est triée à la main en cabine de tri.

La fraction 0-150 mm passe sur un crible à étoiles (Ecostar) qui opère un nouveau tri granulométrique. La fraction 0-50 mm est actuellement considérée comme du refus de tri et envoyée dans la décharge voisine. Mais la Semardel indique lui chercher des voies de valorisation. La fraction 50-150 mm passe sur des cribles aérauliques (Gems) destinés à extraire les légers (films plastiques). Les lourds passent par des trieurs optiques TiTech (7 trieurs au total d’une largeur de tri de 2,8 mètres chacun) qui séparent les différents matériaux.

Les déchets contenant majoritairement du bois sont traités par lot. Le bois peut subir si besoin une deuxième passe pour séparer le bois non traité (dit bois «vert»), valorisable en panneaux de particules, des panneaux de particules eux-mêmes (dit bois « orange »), valorisables plutôt sous forme énergétique (chaudière industrielle).

La Semardel travaille à la mise au point d’une machine qui pourra analyser la composition physico-chimique du bois et en particulier vérifier et quantifier la présence de contaminants (métaux lourds, phtalates...). Les refus de tri non merles sont transformés en combustibles solides de récupération (CSR) valorisés en cimenteries. « Il faut actuellement payer pour les valoriser », explique Denis Chrétien, chef de projet. « Mais c’est moins cher que de les mettre en décharge. » Le centre fonctionne actuellement avec une équipe et emploie 17 personnes, dont quatre chargées de la réception des déchets, Il est prévu à terme qu’il tourne avec deux équipes. L’investissement a été de 19 ME tout compris, financé essentiellement par emprunt bancaire. Le coût de traitement est de 65 €/tonne pour le tout-venant de déchetteries. li peut monter à 90 €/tonne pour les déchets d’activités économiques, selon la nature des déchets à trier.

Semaval trie notamment les encombrants du SIEVD (syndicat de traitement des déchets de Rungis et des communes voisines) et du Sivom de l’Yerre et des Sénarts (syndicat de la région de Varennes-Jarcy). Elle s’est portée candidate pour le tri des déchets d’éléments d’ameublement (DEA) dans le cadre de la filière de responsabilité élargie des producteurs (RE?) en cours de montage avec les éco-organismes Eco-mobilier (DEA ménagers) et Valdelia (DEA non ménagers). Semardel un «ovni» dans le monde des déchets

La Semardel, maison-mère de Semaval, est une société d’économie mixte SEM) détenue par plusieurs communes (Juvisy-sur-Orge, Epinay-sur-Orge, Morigny-Champigny, Fleury-Mérogis, Sainte-Geneviève-des-Bois...), deux syndicats de traitement (le Siredom et le Siom de la vallée de Chevreuse) et le conseil général de l’Essonne.

Ses actionnaires « privés » (puisque c’est une SEM) sont : la Caisse des dépôts et consignation (entreprise à capitaux publics), la chambre de commerce et d’industrie (CCI) ainsi que le bureau d’études Berim (fondé par Raymond Aubrac et souvent présenté comme proche du PCF). Avec ses 26 M€ de chiffre d’affaires (CA consolidé ou pas???), ses 550 salariés et son statut de SEM, elle apparaît comme un « ovni » dans le monde des déchets, d’autant que contrairement à d’autres SEM du secteur Sotraval dans le Finistère, ou Triselec Lille dans le Nord), elle n’hésite pas à étendre son activité au-delà de son « berceau » géographique, l’Essonne. Elle exploite par exemple un petit incinérateur à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques) ou effectue de la collecte dans le Loiret.

A Vert-le-Grand, commune où elle a son siège, elle détient une installation de stockage de déchets non dangereux (capacité???), le centre de tri Semaval et une plate-forme de compostage. Elle exploite aussi l’incinérateur (capacité???) et le centre de tri des collectes sélectives (30 000 t/an) du Siredom, qui est son principal actionnaire. Elle a également des projets de méthanisation et de création d’un réseau de chaleur qui serait alimenté par l’incinérateur et une chaufferie complémentaire au bois et irriguerait une partie d’Evry, voisine de 6 km.

Tout cela fait grincer des dents les opérateurs privés, et parfois hausser les sourcils les observateurs, notamment certaines collectivités locales qui se demandent si c’est bien le rôle d’une SEM, à capitaux majoritairement publics, de prendre des risques industriels et financiers sur des marchés qui n’ont rien à voir avec les missions des collectivités locales (le tri ou le traitement des déchets d’activité économique, par exemple). A quoi Marc Rajade, directeur général du groupe Semardel, répond qu’il veille par dessus tout à assurer la viabilité économique des différentes activités de l’entreprise, leur sûreté environnementale et leur stricte conformité à la réglementation.